Agadir : inquiétude après la mort mystérieuse de centaines de poissons à Oued Massa

Plusieurs poissons ont été retrouvés morts, flottant sur les rives d’Oued Massa à Douar Amlalane (sud d’Agadir), samedi dernier. Cette découverte a provoqué l’inquiétude des habitants, des associations et des politiques de la région. Tous essaient de creuser le mystère derrière l'hécatombe.

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L’association Paysages pour l’environnement et le développement a été la première à lancer l’alerte sur le phénomène. Sur sa page Facebook, elle annonçait samedi dernier que plusieurs poissons morts jonchaient l’Oued Massa situé à 50 km au sud d’Agadir.

L’ONG a également rappelé dans sa publication que “le même problème s’est déjà produit dans l’Oued en 2013, en 2016 et maintenant en 2019”. Mehdi Alaoui Mdaghri, président de l’association Planète citoyenne et présdident du Forum de la mer est un habitué de la région. Il nous confirme que ce n’est pas la première catastrophe du genre à Oued Massa, mais qu’il s’agit sans doute de la plus importante vu le nombre de poissons morts.

L’association Paysages n’est pas la seule à avoir réagi. Houssine Azouggagh, député Istiqlal de la province de Chtouka-Aït Baha, a adressé une lettre à la secrétaire d’État chargée du développement durable Nezha El Ouafi. Dans sa missive intitulée “sauvetage de l’écosystème d’Oued Massa et sa biosphère”, l’élu décrit une situation “désastreuse et dangereuse”.

La lettre a été publiée sur son compte Facebook, où l’homme politique demande quelles actions le ministère compte entreprendre pour “identifier les raisons de la mortalité des poissons”. Le député appelle également le gouvernement à “stopper la dégradation dramatique de l’écosystème de la région”. Houssine Azouggagh promet aussi dans sa lettre d’aborder le problème “lors de la discussion du projet de Loi de finances en comité infrastructure et développement durable”.

Canicule dévastatrice

L’association Paysages pointe du doigt les effets du changement climatique sur la région. Pour l’ONG, “la hausse des températures a provoqué un manque de mouvement et de débit de l’eau dans le fleuve ce qui a entraîné la mort des poissons”. Le collectif affirme également que les autorités compétentes qui auraient visité les lieux à plusieurs reprises pour effectuer des prélèvements d’échantillons et des analyses de laboratoire suspectent également le changement climatique.

Même son de cloche du côté de Mehdi Alaoui Mdaghri, fondateur du Forum de la mer, qui explique que “le réchauffement climatique a  provoqué un manque d’oxygène dans l’oued, en plus du manque de précipitations dans la région. Donc, l’Oued n’arrivait plus jusqu’à la mer et les poissons-mulets qui sont censés faire des allers-retours entre la mer et la rivière se sont retrouvés coincés, sans oxygène et sont morts”.

Les pratiques des habitants également en cause

Omar est un pêcheur de la région, il a lui aussi été surpris de découvrir samedi, le tapis de poissons morts flottant sur l’oued. “Une odeur nauséabonde se dégageait du fleuve, c’était horrible”, décrit-il. Pour lui, le changement climatique n’est pas l’unique responsable de la catastrophe. Les habitants du village y auraient aussi contribué. “Ici, les habitants jettent tous leurs déchets dans le fleuve”, explique Omar. Mehdi Alaoui Mdaghri nous confirme cette information, mais précise que ce n’est pas “le fait générateur de cette crise, mais plutôt le fait aggravant”.